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Êtes-vous Taureau, Capricorne ou Bélier ?



Rabbin Eliezer Shemtov


Vayikra


Non, ceci n'est pas un article sur l'astrologie, mais bien sur la manière d’atteindre une vie heureuse et paisible à travers les enseignements de la Paracha de la semaine.


Souvent, nous avons tendance à justifier notre comportement par la nature avec laquelle nous sommes nés, comme si elle nous définissait intrinsèquement et déterminait nos actions. Bien que cela peut parfois nous aider à nous comprendre, plus fréquemment, les gens deviennent déprimés en réalisant à quel point leur caractère est limitant et difficile à changer : « Je ne peux pas atteindre mes objectifs parce que… je suis trop agressif ou rebelle… je suis trop têtu ou indifférent… je suis trop timide ou paresseux… ».


Mais est-il vrai que certaines personnes sont têtues, paresseuses ou agressives ?


Pas nécessairement. Bien que de nombreuses personnes aient une tendance à la paresse, à l'entêtement ou à la colère, cela ne signifie pas qu'elles sont paresseuses, têtues ou impétueuses.

Le Tanya explique [1] que chacun de nous a deux âmes, deux pulsions : l'une, « animale » et l’autre, « divine ».


L'âme animale est prisonnière de ses instincts de survie tandis que l'âme divine vise à se dépasser, à vaincre, dominer et canaliser son homologue animal, dans le but de se connecter à D.ieu.


Les deux âmes luttent en permanence et c'est précisément là que réside le grand secret de la vie : l'homme a été créé pour faire face à la tension constante entre agir selon ce que son âme animale – son instinct – désire, et agir selon ce que son âme divine – sa conscience – lui dicte.


Naturellement, l'animal a généralement plus de force physique que l'homme. Sans restriction ni limites, cette force peut être destructrice et dangereuse, mais apprivoisée, elle peut devenir très productive. « De nombreuses moissons sont produites avec la puissance du bœuf », rappelle le roi Salomon dans les Proverbes [2] : on peut produire beaucoup plus en labourant son champ avec un taureau qu'en le labourant avec la seule force humaine. Ainsi, les instincts animaux ne définissent pas celui qui les possède, mais révèlent plutôt sa mission et ses aptitudes potentielles.


Voyons voir comment cela fonctionne :


La Paracha de cette semaine, Vayikra [3], s'ouvre sur le thème des sacrifices [4] : « Lorsqu’un homme parmi vous amènera un sacrifice à D.ieu, vous l'apporterez du menu bétail ou du gros bétail ». Les enseignements de la ‘Hassidout [5] soulignent que le verset présente une erreur de syntaxe. Le texte, en disant : Adam ki yakriv mikem korban laHashem, ce qui, dans une lecture littérale, signifie : « Lorsqu’un homme amènera parmi vous un sacrifice à D.ieu », laisse penser qu’il s’agit de sacrifices humains. Afin d’éviter toute ambiguïté, l'ordre ne devrait-il pas être inversé : Adam mikem ki yakriv, « Lorsqu’un homme parmi vous amènera un sacrifice à D.ieu » ?


Rabbi Chnéor Zalman, fondateur de la ‘Hassidout ‘Habad, apporte l’explication suivante [6] : Korban, le mot hébreu pour « sacrifice », est lié à la racine Karev, « proche ». L’un des objectifs de l’offrande d’un sacrifice au Temple est de se rapprocher de D.ieu.


De nombreuses explications existent sur la façon dont on se rapproche de D.ieu à travers le sacrifice d’un animal. Na'hmanide [7] explique que lorsqu'une personne apportait un sacrifice selon les exigences de la Torah, elle devait visualiser tout ce qui était fait à l'animal comme si cela avait été effectué sur elle-même, et ainsi réaliser que D.ieu, dans Sa miséricorde, lui a permis d'expier ses fautes par le sacrifice animal apporté à sa place.


Rabbi Chnéor Zalman explique que tous les détails décrits dans la Torah concernant les offrandes représentent également un parallèle spirituel dans le processus de sacrifice de l’âme personnelle. Pour se connecter de D.ieu, le sacrifice doit être de « parmi vous », de soi : il faut sacrifier sa propre âme animale.


Les sacrifices d'animaux ne pouvaient être apportés qu'à partir de bovins, de chèvres et de moutons. Ces trois types d'animaux et leurs natures respectives représentent trois caractéristiques humaines qui entravent le développement spirituel de l’homme : l'agressivité (taureau), l'entêtement (bélier) et la soumission (mouton). Certains, comme le taureau, ont une nature rebelle et agressive qui les amène à défier effrontément toute autorité, y compris – ou peut-être, surtout – l'autorité de D.ieu et de Sa Torah.

D’autres, têtus comme le bélier, ne sont pas très intéressés à être mis au défi et à sortir de leur zone de confort ; des dépendances pourraient aussi les empêcher de quitter leur place facilement. Puis il y a ceux qui, comme les moutons, sont passifs et abandonnent leur libre choix aux diktats des tendances populaires, cédant à la pression sociale sans défier les autres ni se remettre en question.


Afin de vivre la vie à son maximum, il faut prendre le contrôle de « l'animal » à l'intérieur de soi. Pour ce faire, il faut reconnaître et comprendre sa nature spécifique, et en fonction de cela, déterminer la marche à suivre pour développer et exploiter le potentiel positif dont elle dispose.


Cela est applicable à un niveau très pratique également. Si quelqu'un vous offre un animal, pour en profiter pleinement, vous devez déterminer de quel type d'animal il s'agit : si c'est une vache, elle pourra produire du lait, si c’est un mouton, de la laine pourra être produite. Il en va de même pour l'animal spirituel qui vous a été offert : si c'est un taureau, si vous avez un caractère impétueux, votre mission est de l'apprivoiser, puis de le canaliser pour le bien. Utilisez votre agressivité pour défendre courageusement des causes justes, par exemple. Si vous êtes du genre rebelle, vous êtes très probablement aussi créatif. Utilisez votre créativité pour vous démarquer des systèmes inutiles et obsolètes et remplacez-les par quelque chose de mieux. Si, comme le mouton, vous avez un caractère passif et que vous n'êtes pas un leader, reconnaissez-le et assurez-vous d’être dans un environnement sain où vous pouvez contribuer à une cause plus grande et être motivé à faire le bien. Si vous êtes un fin gourmet et que vous avez une relation forte avec la nourriture, par exemple, utilisez votre palais pour promouvoir la bonne cuisine Casher. L'obstination a aussi une grande valeur lorsqu'elle est appliquée au bon endroit et dans un but louable.


Si nous voulons accomplir la mission de vie pour laquelle nous avons été créés, nous ne pouvons pas ignorer ou rejeter notre animal personnel. Nous devons le connaître, l'apprivoiser et le canaliser pour déterminer s'il s'agit d'un « Taureau », d'un « Capricorne » ou d'un « Bélier », non pas d’après les signes du zodiaque, mais dans les termes que nous avons expliqués. Il faut ensuite le « sacrifier », supprimant ainsi sa force vitale indépendante, afin d’en être le maître et non l’esclave.


En dernier lieu, le sacrifice est brûlé sur l'autel. Sur le plan personnel, transformer la chair en feu, représente la sublimation de l'instinct animal pour l'utiliser comme un moyen de s'élever spirituellement afin de pouvoir ensuite avoir un impact encore plus positif sur le monde.


L'outil de cette semaine est donc le suivant : n'ayez pas peur de vos instincts animaux, aussi impressionnants soient-ils ; ils sont là pour vous aider à déterminer votre mission spécifique dans la vie. Avec de la discipline, de la persévérance et de la patience, vous réussirez à les maîtriser et à les sublimer, pour accomplir bien plus que vous n'auriez pu le faire sans eux.

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1. Chapitre 1 et suivants

2. Proverbes 14:4

3. Lévitique 1:1 - 5:26

4. Lévitique 1:2

5. Likoutei Torah, Vayikra 2b

6. Idem

7. Lévitique 1:9

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